De drôles d'oiseaux

Dans cette catégorie on ne va rencontrer que des spécimens comiques, il n'est donc pas sûr d'y voir Jonathan Livingston le goéland... Quoi que. Certains sont les personnages principaux, d'autres des faire-valoir, voyons voir ce qu'il en est.


COUIK


Un oiseau des âges farouches. Avec cet oiseau-là on est réellement proche de l'univers de Rahan. L'idée de son créateur Jacques Kamb au moment de lancer une nouvelle bande pour le futur PIF GADGET était de parodier la série de Lecureux et Cheret. Son héros serait un bon vieux bonhomme des cavernes, à qui il arriverait des mésaventures en raison d'inventions ratées et de maladresses. Kamb lui a adjoint un petit oiseau bleu, qui serait sa conscience et son faire-valoir. Le directeur de la rédaction Claude Boujon entrevoit le potentiel du volatile et demande à en faire le personnage principal. La série ne s'intitule donc point Pépépok mais Couic, et débute dès le n° 1 de PIF GADGET.

Le Couik de 1969 (PIF GADGET n°11)

Couik se découvre des ailes-mains ! (PG n°133)


Kamb raconte son Couik
Couic va évoluer. Il n'est pas anthropomorphe, mais ses ailes vont devenir des mains, et ses expressions de visages vont s'améliorer. Il vole, mais pas très loin, ce n'est pas un grand voyageur. Il parle beaucoup par contre, avec ses congénères et d'autres animaux, mais aussi avec Pépémok, ce qui donne lieu à de nombreux bons mots.
Et puis Couic est inventif, encore un point commun avec Rahan. Seulement la plupart des ses idées n’acquiert nullement l'adhésion de ses contemporains. Pas facile d'être en avance sur son temps.
Couic va connaître une longévité de 5 ans, pour céder la place à "Dicentim le petit franc" en  1973. Après des débuts en gags en une planche la série se développe en plusieurs récits courts.


PIF n° 214, avril 1973

La dernière année Couic se dédouble, et partage la vedette avec son antithèse Kouik, le même en rouge. Apparu dans le n° 200, ce rival va s'opposer à Couic, en d'humoristiques joutes verbales.
Ce duo contrasté fonctionnait bien, mieux qu'avec Pépépok bien trop insipide, et Kamb aurait pu poussé plus loin cette série tant en on imagine le potentiel. De plus cet univers préhistorique lui permettait tous délires. Dommage pour Couik, tant mieux pour Dicentim.

PIF GADGET n°97, décembre 1970, Couic et ses collègues comiques du journal

Pompidou Présidok
Le public qui apprécia et plébiscita Couic en son temps eut l'occasion de le revoir avec la version 2000 du nouveau PIF. L'oiseau bleu sera de l'aventure de 2004 à 2008, occupant la couverture du n° 12. Il doit aux Editions du Taupinambour d'exister en albums, deux ouvrages parus en 2007 et 2010.



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LE ROYAUME




SPIROU n°3660, juin 2008, une nouvelle histoire gentiment titrée "Le Royaume", par Benoit Ferroumont, avec des couleurs signées Coopman. Un château, un roi s'éveille, son valet, les fistons avec une envie pressante devant les toilettes que la sœur squatte depuis des heures. Le roi qui a envie aussi, se soulage d'un balcon, à coté un petit oiseau gazouille. Bien, sympa cet humour décalé, ça commence bien. Puis paf ! L'oiseau apostrophe le souverain sans mettre de gants comme aurait dit le maire de Champignac. Et remet à sa place ce dégueu roi qui en reste bouche bée. Tordant !
Et l'on comprend aux planches suivantes quel est le ressort humoristique principal de cette bande. Les oiseaux du coin, qui se ressemblent tous, balancent des vérités et des secrets au vu et au su de tout le monde. Et cela va mettre un sacré bazar dans le royaume, un endroit où il ne se passait rien, avant.

 La première victime de ces persiflages est la jeune Anne, bonne du roi depuis toute petite, qui doit quitter le château parce qu'elle partage le lit du roi (en tout bien tout honneur) parce qu'elle a peur d'une chouette. Au début ses relations avec les oiseaux sont conflictuelles, puis Anne va s'en faire des alliés, d'autant que les volatiles la kiffent.

On ne saurait définir l'appartenance de cette espèce de piafs, jaunes et rondelets, mais fi de cela. C'est justement le décalage entre les paroles quelque peu châtiées des personnes, de la cour ou du village, avec ce brin de médialisme, et le langage cru des volatiles qui ne s'embarrassent pas de fioritures, qui est drôle. De ce fait et de la véracité de leurs révélations ils mettent à jour l'hypocrisie des gens, et les dévoilent dans leurs nudités. Les humains paraissent, les oiseaux sont.


Certes par la suite le rôle de nos jolis zoziaux va s'estomper, mais ils restent un élément essentiel de cette série rigolote. Et de leurs bavardages vont dépendre bien des péripéties. Les thèmes de la bande s'éloignant du notre, nous n'insisteront pas, mais la présence de ces langues bien pendues paraît inévitable sur ce site.


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CANETOR


Lointain cousin de Donald, Canetor a vu le jour dans la revue des Requins Marteaux FERRAILLE ILLUSTRÉ et dans le supplément 'Coin Coin' de PICSOU MAGAZINE au début des années 2000, deux périodiques aux contenus plutôt éloignés. Le point commun ? Charlie Schlingo, dont c'est une de ses dernières créations (il nous quitte en 2005). La bande est mise en case par Michel Pirus, un habitué des pastiches de Disney.
Bien qu'il porte un nom à la Terminator, ce canard est loin d'être un foudre de guerre. Sa petite vie tranquille avec Canetorrette, une foldingue des fleurs, dans une petite ville des States, est perturbé par l'arrivée de sa sœur Canetorine (ce sont bien des noms à la Schlingo). Cette dernière, espèce de tyran castratrice qui ne s'exprime qu'à travers proverbes et adages, empoisonne l'existence du Canetor.


Les personnages sont donc principalement de l'espèce des anatidés, noirs de plumage, un rectangle orange pour bec, deux yeux tout ronds. Interviennent plusieurs individus, animaux anthropomorphes itou, hybrides sortis de l'univers disneyen également. Les gags se jouent en deux planches de six cases, exprimant une rigidité similaire au souhait de vie de Canetor. Ce dernier est d'ailleurs peu porté sur la déconnade, si ce n'est de se déguiser en veau pour effrayer sa dulcinée (Canetorrette a peur des veaux).
On a presque de la peine pour le petit canard, pris en tenaille entre ses deux femelles, la nigaude et la mégère, et abonné aux ennuis d'une technologie sans cesse en panne, symbole d'une société qui n'avance pas. On perçoit dans cette parodie une critique de la société moderne tout autant qu'une satire de l’œuvre du créateur de Mickey. Bien vu Schlingo !
Les Requins Marteaux éditent un recueil en octobre 2006. Un must !

A noter que Canetor intègre le sommaire du nouveau magazine lancé par Casterman en avril 2016, PANDORA.

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COUCOUTA


Un autre volatile parsème de sa présence les pages du FERRAILLE ILLUSTRÉ, il s'agit de Coucouta, surnommé l'oiseau qui ne volait pas. Difficile de définir son appartenance, noir, un bec qui sort d'une tête d'un épais plumage blanc, qui cache ses yeux. De plus, le loustic ne cause pas.
Des gags muets en une planche réalisés par Fanny Dalle-Rive, collègue de Anne Baraou sur les "Une demi-douzaines d'elles" (L'Association) et des deux "Cul nu" (éditions de L'Olivier).


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 SKINNY


Un autre oiseau éphémère. Celui-ci est du à l'imagination de Martin Matje, regretté illustrateur et cartoonist décédé à 42 ans. Skinny est une de ses rares BD. Les lecteurs de JE BOUQUINE des années 90 se souviennent du strip "Rebecca bouquine", réalisé sur des textes de Jean-Claude Götting. Martin est alors conseiller artistique du mensuel de Bayard-Presse. Skinny lui est l'hôte des premiers magazine J'AIME LA BD ! en 2004. 

J'AIME LA BD ! n°1 (mars 2004)


Ce volatile tout en U pouvait-il réellement prendre son envol ? Il n'aura vécu que quelques gags en une planche, démontrant de l'humour de son auteur. 
En anglais l'adjectif skinny peut s'appliquer à quelqu'un de maigrelet. En effet notre oiseau n'est ni gras ni grand. Mais accompagnant le mot love, l'adjectif se traduit alors volage. Ça aussi pourrait le qualifier. Skinny est donc un volage oiseau maigrelet. So long, Skinny...
© Matje - Bayard éditions

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GLOUPIK


Un autre oiseau à plumes noires, avec une tête proéminente pour un corps minuscule. Si l'on en croit la définition donnée par l'auteur Guillaume Bianco, le gloupik appartient à la famille des Turdidaé. Comme ses congénères, ce volatile qui ne vole pas a un égo démesuré, jusqu'à se penser le centre du monde, et considérer le reste de la création comme du menu fretin tout juste bon à acclamer ses poèmes (pourraves) ou à le vénérer comme un génie.


Notre gloupik, qui s'appelle Rufus, rassemble en effet ces particularités, mais au centuple. Et comme beaucoup d'égocentriques se pensant au dessus du lot, il est d'une crédulité consternante.
Ainsi du haut de sa vanité et de la boite aux lettres qui lui sert de logis, il contemple le monde qui n'attendait que lui.
Pourtant il ramasse les râteaux. La Samantha (une gloupik aussi) le fuit alors qu'il la harcèle de déclarations et pour un diner aux chandelles. La seconde aimée, une petite fille, ne le calcule pas plus. Les seuls compagnons qui le supportent, des grillons, le moquent sans vergogne. Peut-être le monstre des bois est-il plus cool avec lui, mais peut-être aussi parce qu'il est bêta.


Le strip, réalisé par Guillaume Bianco, paraît d'abord en 2008 sur le site Mundo BO (disparu des écrans, on y retrouvait aussi la série "Crapule" de Jean-Luc Deglin). Puis il revient dans les suppléments stripbooks insérés dans SPIROU, à partir de juin 2009. On en dénombre cinq, le dernier est daté de mai 2011.

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ROBERTO
dans Samedi et Dimanche


Cet oiseau-là, impossible de savoir de quelle espèce il dépend (encore un). C'est un oiseau des îles, OK, mais il passe son temps à terre. D'un plumage violet, un gros bec et un bon bide. C'est le copain des deux lézards, il adore se prélasser au pied d'un cocotier. Sa particularité, et pas des moindres, il ne vole que s'il dort (en fait il plane). Ce qui n'est pas le plus sécurisant une fois dans les airs, et si jamais il se réveille, c'est la chute assurée.
Toutefois, derrière une façade d'abruti, Roberto laisse passer des réflexions qui étonnent Samedi et Dimanche. Et surtout il est fidèle en amitié, il apporte conseil et réconfort quand les lézards en demandent.


Roberto aime le calme. La délivrance des lézards du sous-sol (2éme tome) et le bazar que font ceux qui ont choisi de vivre en plein air perturbe son quotidien, au point d'envisager de partir plus loin. Pas trop quand même.
Ce personnage de la série signée Vehlmann et Gwen de Bonneval (chez Dargaud) apparaît régulièrement à travers les 4 tomes, apportant par sa bonhommie et ses réflexions une touche humoristique non négligeable.


©  Dargaud
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Y'en a d'autres, ils arrivent...

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