Microcosmos (I)

Les Insectes dans la BD

Fourmi et cigale par Rabier © éditions Tallandier 1992
La cigale et la fourmi. Dans cette fable aux accents capitalistes, La Fontaine utilise deux insectes aux comportements antagonistes afin d'illustrer le fait que la farniente et la fiesta c'est bien joli, mais avant tout pensons à travailler sans ménager notre peine afin de se préparer un avenir confortable. Une cigale, dont on connaît la cymbalisation du coté d'Aubagne, se plairait donc à chanter, alors que la fourmi, insecte social, ne cesse de s'activer au boulot.
Le fabuliste attribue donc aux insectes, de même qu'aux bestioles bien plus grosses, des notions anthropomorphes. Ainsi l'abeille est travailleuse et vagabonde, on vante l'organisation laborieuse ou militaire des fourmis, l'araignée ou la guêpe sont les méchantes de la bande, à l'opposé la coccinelle est sympa, bête à bon Dieu oblige, la sauterelle ne tient pas en place...
Bien sur la BD s'est emparé de la chose, et l'on découvre nombre de bandes où coléoptères, diptères, hyménoptères et autres lépidoptères occupent le devant de la case. Voyons cela.


Le premier à mettre en cases un insecte fut Wilhlem Busch, créateur de "Max und Moritz", dans les années 1860. L'allemand reconstitue dans un récit intitulé "Die Fliege" le combat épique entre un brave bourgeois et une mouche. Rendez vous sur l'excellent blog de Antoine Sausverd, Töpfferiana, notamment à cette page pour en savoir plus (je ne vais pas reprendre ses judicieux propos). On y apprend que l'artiste allemand a livré plusieurs planches avec des insectes, guêpe ou puce, à l'hebdomadaire satirique FLIEGENDE BLÄTTER (Les feuilles volantes).


Antoine Sausverd compare "Die Fliege" à la planche dessinée par Benjamin Rabier (publiée dans LA JEUNESSE ILLUSTRÉE en 1903), où une mouche encore importune un dormeur. Dans les deux cas, le sort de l'insecte est identique, écrasé. On est comme ça, nous les humains. On déteste être emmerdé par un plus petit que nous...


Traitant de la caricature en général, on découvre sur Töpfferiana nombre d’œuvres où des artistes usent de l'anthropomorphisme. Allez vous y balader, et prenez votre temps. Le site est riche.

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BUGVILLE

Parmi les premiers insectes de papier se trouvent les habitants de Bugville. Il s'agit d'une série, d'abord déclinée sous forme de cartoons, puis en strips, créée par Gus Dirks, le frère de Rudolph, fin XIXème et début XXème siècles. Innovante et étonnante, l'auteur décrit la société humaine, avec ses torts et ses bienfaits, par le biais de ces bestioles (traduction de bugs), après avoir bien observé la vie de ces tous petits.


Malheureusement Dirks se suicide très jeune, et son œuvre prometteuse, pleine de poésie et de trouvailles (comment les bugs adaptent objets ou fruits à leur convenance) ne connaît la postérité. Bugville sera toutefois reprise sporadiquement par quelques dessinateurs, avant de disparaître totalement.
On en retrouve le détail de cette série à la page Animal's Strip.


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BUCKY BUG

Carl Buettner au dessin

On peut se demander si les bugs de Gus Dirks n'influencèrent pas l'équipe de Disney quand elle créa un strip où les insectes sont les héros. La genèse de cette bande remonte à 1932.
A cette époque Floyd Gottfredson assure le strip consacré à Mickey Mouse, lancé en 1930 par Ub Iwerks et distribué par le KFS. Disney embauche une équipe pour l’assister, et créer une page dominicale afin de répondre à la demande du syndicate. Dans ce sunday page lancé en janvier 1932, outre Mickey on retrouve l'adaptation BD des Silly Symphonies. En fait la première est une création de Earl Duvall, avec pour protagoniste principal une coccinelle, une sorte de Mickey insecte, deux gros yeux ronds, un nez en truffe, et des mains gantées à quatre doigts. Ce sont les lecteurs qui lui donneront un nom, Bucky Bug. il s'agit là du premier héros récurrent Disney créé spécialement pour un comic strip. Très vite Al Taliaferro succède au dessin à Duvall qui quitte le studio, et Ted Osborne est chargé des scénarios.

dessins de Taliaferro

L'univers de Bucky est la transposition en insectes de celui de Mickey, à quelques différences près. Il habite Junkville, est marié (et non fiancé) à June, son meilleur pote est Bo (un clodo). Mais Bucky fait montre des mêmes qualités que la souris star. La bande s'étend jusqu'en mars 1934.
L'histoire : Bucky, seul garçon parmi une ribambelle de filles, quitte la maison familiale pour parcourir le monde. Il rencontre le vagabond Bo, tombe amoureux de June (la fille du maire de Junkville) qu'il épousera après maintes aventures (dont une guerre conte les mouches !), une vie bien remplie pour un insecte.
Bizarrement la série n'est pas reprise dans LE JOURNAL DE MICKEY. L'éditeur américain IDW a sorti en mai 2016 un premier tome consacré aux bandes dessinées des Silly Symphonies * où sont reprises les sunday pages de Bucky . On attend impatiemment la traduction en France !

Un ascenseur original

Bucky poursuit toutefois ses aventures dans 'Walt Disney's Comics & Stories' de 1944 à 1950 puis dans les 'Giant WD's Silly Shymphonies' édités par Dell. Plusieurs dessinateurs œuvrent, comme Carl Buettner, Ralph Heimdahl (qui dessinera Bugs Bunny), Jim Pabian (voir ici), Roger Armstrong (voir ici). Des britanniques, notamment Basil Reynolds, ont réalisés un moment leur propre Bucky Bug, avec des gags ou histoires courtes (see here). Le 'Walt Disney's Comics' n° 677 de février 2007 fait place au petit héros qui fête ses 75 ans sous le crayon de Noel Van Horn.


Bucky Bug reste une particularité dans l'univers Disney. Outre le fait que ce soit la seule création BD qui ne soit tirée d'un dessin animé (au contraire le court métrage "Bugs in love" fut réalisé après le comic strip), les auteurs composaient les textes en alexandrins. De plus Bucky est un personnage qui grandit, vieillit. Il a une famille, il se marie. Et il évolue dans un environnement cohérent, où le moindre objet devient maison, véhicule, ascenseur... Une grande similitude avec les "Bugville" de Gus Dirks !

La dernière planche dominicale

* chroniqué ici
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JIMINY CRICKET

C'est un des insectes les plus connus au monde, devenu star chez Disney, en 1940, lors de la sortie du long métrage animé "Pinocchio". Bob Thomas, auteur entre autres de la bio officielle de Walt Disney, nous décrit dans son ouvrage "L'art de l'animation" la naissance du cricket.
Après un premier essai, " Pinocchio fut redessiné ; il acquit de la rondeur et un air plus petit garçon. Son caractère fut modifié : maintenant il ne faisait plus le mal que sous l'influence de mauvais compagnons. Malgré tout, Pinocchio restait un héros sans relief et il fallait l'entourer
Four Color Comics n° 795 (mai 1957)
de personnages pleins d'entrain et hauts en couleur. La création la plus mémorable fut Jiminy Cricket. Collodi n'avait donné qu'un court rôle à ce grillon qui tentait de conseiller à Pinocchio de s'amender et qui finissait écrasé sous le pied du pantin. Dans le film, Jiminy le grillon a un rôle de premier plan : conscience du petit garçon, il tente de le ramener dans le droit chemin chaque fois qu'il s'en éloigne. Ward Kimball a animé Jiminy ; il en a fait un sage sympathique plutôt qu'un affreux insecte, et a masqué sa petite taille en choisissant très bien les angles de vue.
"

Jiminy apparaît vêtu comme un notable du XIXème siècle (Carlo Collodi écrit Pinocchio en 1881), insecte anthropomorphe, doué de paroles et de raison, qui de vagabond mal fagoté devient conscience officielle du pantin par le biais de la fée. Il doit alors tempéré son caractère, et s'efforcer d'être à la hauteur de la tâche.

JOURNAL DE MICKEY n° 296 - 16 juin 1940

Dès 1940 les studios Disney produisent la version BD du film, publié en France dans LE JOURNAL DE MICKEY la même année, dans les n° 292 à 307, avec une interruption entre juin et septembre, cause d'occupation allemande.
Tout le monde connaît l'histoire de Pinocchio version Disney, ce pantin fabriqué par le vieux Geppetto, à qui la Fée Bleue donne vie. Il deviendra le vrai petit garçon de Geppetto s'il se montre sage et obéissant, et s'il fait le bien non le mal. Pour l'aider la fée lui donne une conscience, en la personne de Jiminy.



Et ce petit personnage, insignifiant aux yeux de tous, comprend ce qui l'attend, être la voie de la sagesse pour un pantin sans cervelle ! Et le voici vociférant ses conseils, poursuivant le candide embarqué dans le pire, criant dans le désert. Mais le grillon est tenace et il ne lâche pas l'affaire. Finalement la marionnette, en un ultime sacrifice, gagne la grâce de la fée et se réveille vrai garçon. Mais on ne peut affirmer que Jiminy y soit pour quelque chose...


 La bande est reprise en 1953, ainsi que des récits courts signés Carl Buettner ou Frank McSavage, dans divers comic books, dont 'Walt Disney's Comics and Stories".

Histoire dessinée par Buettner, pour le  'WDC' de décembre 1945 (suite ici)
Mais le personnage de Jiminy plaît. On le retrouve en guest star dans plusieurs récits, comme ici avec Big Bad Wolf et Lil'l Bad Wolf (Grand Loup et P'tit Loup).



Le Pinocchio de Galleppini, avec un grillon très réaliste

L'Italie, patrie d'origine du roman, a aussi son Pinocchio en BD. Les grands auteurs s'emparèrent du mythe, tels Jacovitti (qui réalisera 4 versions, voir l'article de Gilles Ratier à ce sujet ici), Luciano Bottaro le papa de Pépito, ou Aurelio Galleppini futur dessinateur de Tex, et bien d'autres encore... Mais notre petit grillon y est peu présent.
Aussi retiendra-t-on ici notamment les épisodes écrits par Alberico Motta et dessinés par Sandro Dossi, Tiberio Colantuani, Pierluigi Sangalli ou Umberto Manfrin. Des histoires réalisées pour le petit format éponyme, édité par la maison Bianconi-Metro de 1974 à 1976.  On en retrouve en France chez Arédit ('Pinocchio Poche', 1980) et la Sagédition (en 1980/82, série 'Collection TV' et 'Les Aventures de Pinocchio').
Le Pinocchio de Colantuani
 Il grillo parlante, une tête à la Mickey surmontée d'un haut-de-forme, n'occupe alors qu'un rôle subalterne, et bien sûr se différencie du Jiminy de Disney, mais il reste présent, avec son haut-de-forme et ses antennes. Il s'agit d'extrapolations de l'histoire de Collodi qui font de Pinocchio un personnage humoristique, et du grillon un petit faire-valoir. Mais le pantin reste un galopin.

Finissons avec le criquet d'une manière parodique, celle de Gotlib. Rappelons-nous dans le PILOTE n° 551 (mai 1970) un récit cauchemardesque de 8 planches titrées "La marionnette infernale", où quand Pinocchio rencontre Frankeinstein. Comme dans Disney, Gotlib colle au pantin un criquet en guise de conscience. Mais là, on rejoint Collodi et la coccinelle (car c'est elle qui tient le rôle de Jiminy) finit en 4 vignettes écrasée sous le pied du nabot en bois (au grand dam de la fée).



Dans une précédente RAB l'auteur a déjà évoqué cette histoire. Celle consacrée aux gadgets pour des contes. Une autre manière de se débarrasser d'un insecte, même si c'est votre conscience. Un insecticide. On remarque alors que Gotlib, la morale, c'est pas son truc.


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PACO ZUMBA


Avant de créer "Pif le chien" pour les éditions Vaillant, José Cabrero Arnal connût une première gloire dans l'Espagne pré-franquiste. A Barcelone où il vivait celui qui signe déjà C. Arnal impose son style dans les tebeos, empruntant notamment au créateur de "Felix the cat" Pat Sullivan. Parmi ses créations, nombre d'animaux. Et en ce qui concerne cette page dédiée aux insectes, un frelon à canotier dénommé Paco Zumba. Défenseur de la justice, combattant les malfrats, Paco va rétablir l'ordre à Insectopolis.
Ses histoires paraissent dans le journal barcelonais POCHOLO, puis sont reprises en un album de la collection 'Karikatos', sous le titre "Hazanas de Paco Zumba" (les exploits de Paco Zumba).



Adepte du zoomorphisme, Arnal produit une autre bande avec une coccinelle, Rob, qui se meurt d'amour pour la belle papillone Mariposa. Mais tout n'est pas rose en ce monde, et Rob et ses amis vont devoir affronter les terribles araignées noires ! Cet épisode, "Guerra en el pais de los insectos", fait aussi l'objet d'un album 'Karikatos' (n°3). Arnal entrevoit-il cet avenir sombre qui va entraîner son pays d'abord, puis l'Europe, dans une guerre contre le fascisme ?


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SYLVIO LE GRILLON
Phillippe Luguy






Les aventures de Sylvio sont liées à celles de Jack le cafard, tant celui-ci s'en prend au naïf grillon, qu'il poursuit de sa haine. Que voulez-vous, il a le cafard, et le bonheur des autres le mine.

En fait Sylvio vit dans un livre, un univers féérique où l'ont envoyé les fées pour le protéger de Gélatine la mauvaise. Il y fait la connaissance de Zizou la luciole, Clapotis l'escargot, Joël le hanneton, Coccinel et Lampion, un bougeoir (!). Mais Jack met le feu au livre, qui oblige ses habitants à fuir dans le vrai monde. Le petit groupe s'installe dans un coquillage, la coquille en dérive, qui deviendra leur maison.
Plus tard Sylvio, dont on découvre un talent très moyen pour la musique, rencontre Cloé une jolie abeille, dont il s'éprend. Bien des fois le vaillant troubadour aura à venir au secours de sa dulcinée, qui d'ailleurs est la seule à apprécier son chant.

Planche 4 d'un récit paru dans PIF n° 391, août 1976
Le petit monde des insectes est surprenant. Fourmis, termites, chenilles, papillon, coléoptères, sauterelles, nos amis feront la connaissance de nombreux habitants, lors d'aventures où ils affrontent Jack et autres malfaisants, notamment la terrible Gélatine, et l'araignée Arakné. Mais heureusement Sylvio et ses amis s'en sortent à chaque fois, et retournent à leurs plaisirs d'insectes.

La première planche de Sylvio dans PIF GADGET
Coquelicot, Mamzelle Coccinelle, et le méchant Lucane
Philippe Luguy a imaginé la trame de cette série dès 1969, au tout début de sa carrière. Mais ce sera un autre insecte, Coquelicot (difficile à définir l'espèce), qui paraîtra en premier, en 1973 dans BIBI FRICOTIN MAGAZINE. Un petit personnage tout rond, doté de minuscules ailes, qui vivra le temps de quatre courts récits.

L'auteur explique le choix de traiter du monde des insectes parce que les lutins et les souris, c'était déjà fait. Et puis le fait qu'un univers miniature permet l'ouverture sur le merveilleux et le fantastique (LAMES VORPALES n°6).


Vient donc le temps du grillon, pour une première histoire publiée dans FRIPOUNET en 1974, "La laitue d'or", huit planches scénarisées par Jerina, un pseudo du prolifique Jean-Marie Nadaud. Ayant également démarché les éditions Vaillant, Luguy voit sa bande acceptée par la rédaction qui fait sa première dans le n°267 de PIF GADGET.
Richard Médioni s'étonnera de la présence de Sylvio, Zizou et consort dans le journal du Concombre Masqué et de La Jungle En Folie *. En effet Sylvio s'adresse aux plus jeunes avec des histoires simplistes, alors que les deux autres BD exploitent un humour bien plus poussé. Mais bon, il oublie les Placid et Muzo de Nicolaou ou autre Léo Bête à part...
* L'histoire complète, page 506

 Planche 1 du récit refusé par la rédaction de PIF, la jugeant inaccessible aux enfants. Dans cette histoire hommage à Brel, les dialogues sont composés de paroles des chansons du Grand Jacques. Dans HAGA n°41, hiver 1979.

Toujours est-il que nos insectes trouveront leurs lecteurs, notamment les filles, d'après l'auteur (HAGA n° 41). La bande paraît jusqu'en 1981, sur 28 récits, scénarisées par Gilbert Lions un ami de Luguy. Patrick Cothias prendra le relais pour les sept derniers épisodes. Ajoutons à cela des inédits pour deux 'Hit Parade Comique Poche' en 1978, et quatre 'Pif Parade Comique' (1979-81).
Un album, "La menace du trèfle rouge", édité par MC Productions en décembre 1988, rassemble quelques épisodes parus dans PIF. L’éditeur Bernard Grange reprend tout cela en 5 tomes, de 2005 à 2009. Toutes les infos sur Luguy et ses productions, ici.
Par ses thèmes et son graphisme, Philippe Luguy se rapproche du style des dessins animés qui commencent à envahir le petit écran. Et préfigure d'une certaine manière une abeille petite et espiègle...


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MAYA L'ABEILLE


En 1978 aucun gamin n'ignorait la chanson de Maya, la malicieuse Maya, petite et espiègle. Cette série de dessins animés d'origine austro-nippone réalisée en 1975 a connu un succès formidable lors de sa diffusion sur TF1. On y découvre une abeille à la rousse chevelure et au visage souriant, avide de découvrir le vaste monde sans se soucier des dangers. Accompagnée de ses amis Willy, abeille aussi mais pas aussi futé, Flip, le vagabond sauterelle, elle rencontre de nombreuses autres bestioles, des insectes ou non, et brave tous les interdits. Le jeune public s'initie ainsi au monde des tout petits animaux.


Très vite Maya connaît une adaptation BD, éditée par Rhodania, dès 1978, et déclinée en version poche mensuelle, en bimensuel sous-titré 'Le joyeux Illustré' (22 n° de décembre 1978 à décembre 1979), et en albums cartonnés bimestriels. Les éditions des Deux Coqs d'Or puis Edit Boys s'y mettent également, multipliant les séries et les formats. Toutefois les publications s'estompent lors des années 80, après la deuxième série télévisée de 1982-83.



Un revival apparaît vers 2012, avec une troisième série TV cette fois en images de synthèse, correspondant au centenaire de la petite abeille. En effet le personnage de Maya fut créé par un écrivain allemand, Waldemar Bonsels (titre en VO "Die Biene Maja und ihre abenteuer"), dont la première édition date de 1912.


Les illustrations sont extraites de l'album "Le grand voyage de Maya l'abeille" publié par les Editions des Deux Coqs d'Or © Apollo Film 1978

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LES FOURMIDABLES
Mike Deporter


Dans le numéro 2920 de SPIROU (mars 1994) la couverture annonce l'arrivée de nouvelles stars, qu'un quidam observe à travers une loupe, sous un soleil ardent, ce qui ne manque pas d'en cramer une. Vincent "Mike" Deporter lance une série innovante pour le journal de Marcinelle, car avec les Fourmidables (moyen le jeu de mot), on s'amuse avec des insectes. Ces gags en une planche présentent des fourmis rouges à gros nez qui batifolent dans leur environnement, c'est à dire sous nos pieds.

D'ailleurs plus d'une finissent écrasées. C'est ainsi, le monde est impitoyable pour celles qui ne font pas gaffe. Toutefois, surtout dans les premiers gags, nos fourmidables se vengent de l'espèce humaine, et à leur tour se moquent de ces géants au gros nez eux aussi.


Certains personnages se détachent, tels Eddy-la-presse, Flavus, Dino, la féminine Dolly, Bob qui n'en fiche pas une, le papy Freyi, prompt à décocher ses conseils, ou les gamins Lucette et Julot.


En deux pages Deporter présente cette série, préambule à l'humour qu'il y développera. Il assure dessin et scénario, même si Rive, Rucar ou Rodrigue lui prêtent main forte plusieurs fois. Durant trois années les Fourmidables se promènent dans les pages de SPIROU, avant de disparaître en octobre 1996 au bout de 80 gags (dont deux récits de 2 planches).


Mais, c'est ainsi pour ces insectes, bouchez la fourmilière d'un coté, les formicidés ressortent par un autre. Ainsi les éditions Bamboo reprennent des planches et, augmentées d'inédits réalisés avec le duo Béka,  sortent deux albums en 2003 et 2004.
Puis Deporter émigre aux Etats Unis, les Fourmidables retournent dans leur trou.


illustrations © Spirou - éditions Dupuis ; © Bamboo Editions

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BUZZI

Série écrite par Hervé Richez et dessinée par Éric Miller, démarrée en 1998 et 1999 avec deux albums chez Cœur de Loup, "Mission arachnide" puis "Le blues du bourdon".
Puis réédition des deux premiers tomes ajoutée à la sortie du 3ème "Wagadou néné" chez Bamboo Kids en 2001.

Petit cousin de Maya, Buzzi est officier dans la RAF, la Royale Abeille Force, qui assure la protection de la ruche. Malin et courageux, il peut compter sur le pili-pili, un breuvage qu'il a découvert, qui permet de voler vitesse grand V ! Une sorte de potion magique, quoi.

La reine, dont Buzzi est amoureux, est garante des naissances des larves, et veille sur son essaim, conseillée par le Grand Chambellan. Le Pr Abeille Einstein (!) apporte sa science, et le Dr Abeillus, malgré son inaptitude à la profession et une piteuse réputation, s'évertue à soigner malades et blessés.
La colonie vit en paix, mais Répugna, l'araignée mélomane, cherche à attraper des petites abeilles, pour assouvir sa passion. Elle les utilise comme instruments de musique. Mais Buzzi sait s'entourer d'amis afin de mener à bien sa mission, tels le commandant Arc-en-ciel le papillon ou le ventripotent captain Bourdy le bourdon.

Charmante évocation de la vie d'une ruche, où l'on retrouve ouvrières et soldats, où l'on apprend que les fourmis se défendent en projetant de l'acide formique, où l'on rencontre un corbeau qui ne veut se séparer de son fromage, où l'on sourit au jeux de mots distillés... De quoi butiner tranquille.


Les illustrations sont issues du tome 2 "Le blues du bourdon", © 2001 Bamboo Éditions

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BOGZZZ

Dans la bande à TCHÔ !, y'a aussi des insectes. On les remarque pas facilement, pourtant ils sont là, à s'éclater comme des ... jeunes. Oui, ils ressemblent étrangement à des djeuns des années 2000.


Le premier, Sid, une mouche bleue à casquette rouge. Son copain, Moskito, un moustique verdâtre au crane et dents de devant allongés. Son autre pote, Sid, un bourdon keupon, ou la cigale rasta Tibob. Les nanas, la jolie papillone Zazie, l'amoureuse de Moskito, ses copines la prétentieuse Libelle (libellule) et Lolly la puce, ou Migala une araignée tombée sous le charme de Zip. Et puis y'a l'école aussi, avec la sévère prof Melle Arakné. Sans oublier le daron de Zip, tenancier d'un fast food, obèse et peu courageux, ce qui ne l'aide pas à voler. Et bien d'autres encore.


L'auteur, Nob, a bâti un petit monde où l'on s'amuse bien, où les gags font mouche (*). La collection 'Tchô !' accueille quatre tomes sortis entre 2002 et 2005, le dernier étant consacré aux coulisses du BogzzzShow, des pastiches de films.
Enfin, on remarque que le titre de la série, Bogzzz, renvoie aux bestioles anglo-saxonnes, les bugs.
* (hé oui ! J'ai osé...)

 

© Nob - Glénat
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La Blatte Magique de Eddy Milveux
par Lisa Mandel

Série publiée dans CAPSULE COSMIQUE, deux albums chez Milan en 2004 et 2005, reprise dans la collection 'BD Kids'. Un 3ème en 2015.




Une série pour jeunes encore où un insecte occupe un rôle important, pourtant on ne le voit rarement. Dans les vignettes on devine la bestiole, qui pourrait être n'importe quel insecte. Mais c'est une blatte. Une blatte qui a le pouvoir d'exaucer un vœu par jour. Et c'est le petit Eddy aux cheveux roses qui hérite de cette chance inouïe. En effet le gamin délivra la blatte d'un collant chewing-gum. Et re-en effet le blattoptère réalise les souhaits du garçon.

Tout pourrait être merveilleux alors pour Eddy, mais, car il y a un mais, sinon il n'y aurait pas d'histoire, le résultat n'est jamais celui escompté. Bien sur au détriment du gosse.


Et c'est là que l'auteure, Lisa Mandel, est fortiche. A chaque vœu elle se tord le cerveau pour étonner le lecteur. Les gags fonctionnent, on rigole, et on se dit que ce pauvre Eddy, malgré sa chance, il n'a pas de bol.


© Éditions Milan

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LES INSECTES EN BD
Bamboo Éditions


Trois albums sont sortis chez Bamboo en 2012, 2013 et 2015, sur le thème des insectes. On apprend et on rigole, telle est la règle de cette série. Christophe Cazenove et François Vodarzac écrivent ces vérités scientifiques sous forme de gags, que Cosby met en cases. Outre l'humour, on fait connaissance avec des espèces dont on ne soupçonnait pas l'existence. sans parler de leurs mœurs. On a même parfois droit à des fiches techniques. Lisez ces trois BD, et devenez incollables en entomologie.


Il convient de remarquer que dans cette série, les insectes sont représentés en un style caricatural, mais fidèle à leurs morphologies, hormis les gros yeux, les mimines au bout des membres et la station debout. Et il sont replacés dans leur contexte environnemental naturel.



© Bamboo Édition

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